Messages inspirants du philosophe Alexandre Jollien lors de sa conférence du 21 mars 2019 : la Sagesse Espiègle.
Le 21 mars 2019 j'ai assisté à une conférence du philosophe Alexandre Jollien. Riche en émotions, sa présentation m'a apporté de beaux messages que je vous partage aujourd'hui.
Bien sûr je vous retranscris ce que j'en ai compris, avec mes mots. N'hésitez pas à apporter votre point de vue !
Guérir de l'idée de guérir
Il commence très fort ! Sensible à la spiritualité et conscient d'avoir des blessures, des souffrances dont il voulait guérir et se libérer, Alexandre Jollien a passé trois années intenses à méditer en Corée du Sud. Mais malgré toute son application, en rentrant il n'avait pas guéri et ses ombres étaient toujours là ! En revanche, il n'avait pas perdu son temps : il avait guéri de l'idée de guérir. Il ne cherchait plus à changer, mais il avait accepté qui il était.
Lorsque nous voulons "obtenir" quelque chose, c'est l'Ego (cf. article sur l'Ego) qui est aux commandes. Et parfois il peut s'approprier le travail de développement personnel et spirituel : on veut changer, ne plus souffrir, éradiquer ses blessures, supprimer ses ombres pour ne devenir que lumière. Mais "la spiritualité ne doit pas être pour moins souffrir", en s'enfermant dans un bunker. La spiritualité c'est s'accepter dans notre globalité.
Nous avons tous une part d'ombre et de lumière. Vouloir supprimer ses ombres c'est se rejeter soi-même. S'aimer vraiment, c'est embrasser à la fois ses qualités mais aussi ses défauts.
Trouver la joie dans le réel tel qu'il se propose
"La vie c'est comme un train dont nous ne sommes pas les conducteurs. Nous n'avons pas le contrôle, nous ne savons pas où l'on va et peu importe." Nous n'avons pas toujours le contrôle de ce qui nous arrive, la vie est faite d'imprévus, agréables et désagréables (cf. citation commentée de Mark Twain). Rien ne se passe comme prévu ! Or c'est le mensonge de l'Ego de vouloir connaître l'avenir : c'est impossible car tout est impermanent, en mouvement et change à chaque instant. C'est une bataille vaine et sans fin de vouloir lutter contre ce qui est. Mieux vaut apprendre à accueillir le "chaos de l'existence", à se réjouir de l'impermanence, à trouver la joie dans le réel tel qu'il se propose à nous. Plutôt que "conquérir le bonheur" demandez-vous plutôt : de quoi ai-je besoin de me libérer pour savourer l'instant présent ? La sagesse est de chercher à enlever plutôt qu'ajouter.
Observe toi toi-même et dès que tu te trouves, lâche-toi !
Nous jouons un rôle sous le regard de l'autre et finalement nous finissons par nous identifier à ce rôle, comme une pression sociale. C'est ce qu'Alexandre Jollien appelle la dictature du "on". Le problème est qu'en nous identifiant à l'image que nous donnons, nous créons un gouffre entre ce que nous voulons réellement et ce que nous cherchons.
Pour se libérer il faut donc dans un premier temps apprendre à s'observer pour reconnaître le rôle que nous jouons. Puis lâcher ! C'est un des sens du mot "espiègle" : ne pas se prendre au sérieux. Attention cependant : en se positionnant contre le "on", nous sommes encore manipulés par le "on". Faire ses choix en opposition à quelque chose revient toujours à laisser ce quelque chose décider de la direction que nous prenons. La liberté est au-delà d'une contre-position. La liberté consiste à pouvoir faire un choix en conscience des paramètres présents lors de la prise de décision, et non d'une position prédéterminée.
La spiritualité c'est éviter la dictature du "on" et la tyrannie de l'ego. C'est un jeu d'équilibriste au quotidien !
La compréhension de soi et des autres nous libère
Ainsi nous souffrons tous du rôle que nous voulons jouer, qui nous incite à désirer des choses éloignées de nos aspirations réelles. Or ce sont nos blessures affectives qui déterminent ce rôle.
Pour autant, le désir d'éradiquer nos blessures est insensé. Elles font parties de nous et nous sommes bien portants dans notre intégralité. Rejeter ses blessures c'est se rejeter soi-même. Ce qui contrarie notre "grande santé" (notre bien-être intérieur), c'est d'être tyrannisé par une force qui dépend des autres. Les blessures sont compatibles avec la grande santé.
Comprendre avec bienveillance les blessures affectives des autres, au-delà du rôle qu'ils jouent, est donc indispensable pour pouvoir les accepter et être dans la compassion. On ne se résout pas à un manque, à nos blessures.
Or la compassion est la clé de la libération : tourner son cœur vers les autres, les aider sans les juger en se demandant "qu'est-ce que je peux faire pour alléger sa souffrance ?". Et pour cela il faut d'abord comprendre l'autre. La compréhension intime des autres nous libère.
Il existe deux types de confiance...
Le premier type de confiance consiste à croire qu'il y a une bouée qui va nous sauver lorsqu'on se noie. Alors quand on tombe à l'eau, on s'agite, on s'agite ...
A l'inverse si on ressent le deuxième type de confiance alors on s'arrête, on se calme et finalement on comprend qu'on flotte et qu'on ne risque rien ! De manière plus concrète, cela consiste à accueillir et accepter la vie telle qu'elle se présente. On réalise alors qu'il existe en nous une force puissante, calme, apaisée, capable de gérer tout ce qui nous arrive.
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